Pour le pays hôte des Jeux olympiques (JO), quatre ingrédients sont nécessaires à la réussite de l’événement. Une organisation à la hauteur, une cérémonie d’ouverture marquante, une moisson de médailles inédite pour l’équipe nationale et des icônes capables de faire rêver toute une nation et de transcender, le temps des JO, ses divisions. Au mitan de Paris 2024, toutes les cases sont cochées.
Les épreuves se déroulent avec fluidité dans une ambiance de liesse et de félicité collective. La cérémonie a beau avoir fait l’objet de quelques polémiques, elle restera gravée dans les mémoires. Sur le plan sportif, après une semaine de compétition, les athlètes français n’avaient jamais accumulé autant de podiums en aussi peu de temps. Enfin, avec Léon Marchand, la France s’est découvert un nageur prodige aux performances fulgurantes, tandis que Teddy Riner a confirmé qu’il était l’un des plus grands judokas de tous les temps.
L’alchimie n’avait rien d’évident. Après des mois de doutes, la France a finalement réussi à surmonter les défis les uns après les autres. Comme cette cérémonie d’ouverture hors normes, dont les enjeux scénographiques et sécuritaires semblaient trop ambitieux. Il y a eu aussi ce pari fou de rendre la Seine propre à la baignade, suscitant scepticisme et moqueries. Mais, finalement, les athlètes du triathlon olympique ont bien pu plonger dans le fleuve comme prévu.
Organiser les Jeux au cœur de la ville constituait également une gageure. De toute évidence, la prise de risque a payé. En mettant en scène la haute compétition dans un décor chargé d’histoire, ces JO produisent des images époustouflantes et inédites de la Ville Lumière, qui rayonne comme jamais.
La magnificence de l’écrin du Grand Palais pour accueillir les escrimeurs. La prouesse d’une piscine éphémère à Paris La Défense Arena et ses 17 000 spectateurs qui donnent aux épreuves de natation une ambiance unique. La place de la Concorde transformée en parc destiné aux sports urbains (BMX, basket 3 × 3, breaking, skateboard) ou encore les joueurs de beach-volley smashant avec la Tour Eiffel en arrière-plan. Partout, la magie opère. Il suffit de parcourir les réseaux sociaux pour prendre conscience que, comme le dit Laurence des Cars, directrice du Musée du Louvre, « le monde est en train de retomber amoureux de Paris ».
Contrat rempli
Rien n’était acquis, non plus, sur le plan logistique et sécuritaire. La désastreuse gestion de la foule aux abords du Stade de France lors la finale de la Ligue des champions en mai 2022 avait laissé un très mauvais souvenir. Deux ans plus tard, hormis le couac mineur de Saint-Etienne, où des supporteurs de football marocains ont envahi le terrain, aucun incident n’est à déplorer. Les transports fonctionnent, les forces de l’ordre sont aimables, les bénévoles dévoués, les gens se parlent.
Le cynisme et les critiques de ces derniers mois se sont apaisés et la ferveur devient communicative. Pour s’en convaincre, il suffit de constater l’enthousiasme dans des stades et des fan-zones qui font le plein et les audiences télé record. Préservés jusqu’ici des récupérations politiques, ces JO sont une chance pour la France de vivre une parenthèse bienvenue, vivifiante et apaisante.
Certes, la situation politique, économique et géopolitique reste préoccupante. Mais il ne faut pas demander à ce type d’événement plus qu’il ne peut procurer. De ce point de vue, le contrat est rempli. La France a raison de ne pas bouder son plaisir et de profiter encore quelques jours de cette allégresse, fût-elle éphémère.